Les jeunes français fâchés avec le vin ? Pas tout à fait...
Ils seraient même 43,7 % à penser que boire du vin c'est « culturel ». Culturel certes, encore faut-il s'adapter, car
la jeune génération d'aujourd'hui ne consomme pas le vin comme ses prédécesseurs. Souvent moins de budget, moins d'expérience, moins de références...mais aussi
une volonté de découvrir cet univers qu'ils ne maîtrisent pas, et les codes de la découverte sont, là encore, différents. La blogosphère l'a bien compris et depuis quelques années déjà organise des soirées de dégustation où
l'ambiance est le maître mot.
La désormais célèbre
Miss Vicky Wine, fille de viticulteur et bloggeuse globe-trotteuse, a décidé de partager ses découvertes à travers des évènements ponctuels, les
Vicky Wine Tastings : «
Le concept du Vicky Wine Tasting c'est celui d'un bar ambulant, détendu avec un esprit gourmand et décomplexé. Chaque fois c'est un thème différent (les vins de Bourgogne, les vins anglais..) dans une de mes villes préférées : Paris, Lyon, Londres, Madrid ... et d'autres à suivre ! » (Source :
interview sur winefair.com). Ce qui attire les participants selon Miss Vicky ? «
La dimension informelle et festive, la rencontre avec d'autres dégustateurs et des viticulteurs. Une approche directe qui favorise la découverte et la conversation ».
Une manière agréable de déguster, faire des rencontres et surtout de partager dans la simplicité.
Fabrice Le Glatin, « producteur de chroniques oenophiles » sur son blog vinsurvin, a lui aussi lancé un concept, les Tupperwine, petit clin d'œil humoristique aux fameuses réunions à dominance féminine. L'idée était de partager avec ses lecteurs les fameux vins dont il parle si bien sur son blog : «
Les raisons qui expliquent le succès des TupperWine sont nombreuses. Je pense qu'en premier lieu, les gens (et peu importe leur âge) sont de plus en plus nombreux à se tourner vers le vin. Ils ont soif de connaissance et en ont certainement un peu marre de "ne rien y connaître en vin", ce qui les handicape au restaurant, pour leurs achats, ou même en société. Beaucoup ont donc décidé de se prendre en main et de combler ce qui s'apparente pour certains à une carence. Car le vin est avant tout intimement lié à la culture, et non au snobisme. En revanche, se tourner vers des cours d'œnologie dans une salle éclairée aux néons à 40 derrière des pupitres, comme au collège, ne convient pas à tout le monde. Un TupperWine, c'est un cours d'oenologie, mais dans la cour de récréation. Les gens apprécient de déguster dans la charmante échoppe d'un vrai caviste, chez un libraire ou dans une galerie d'art, qui plus est à Montmartre, dans le Marais ou à la Bute aux Cailles. Et puis, un groupe de 15/20 personnes, c'est très convivial. Les gens font connaissance entre eux et se font la bise en partant ! ».
Fabrice n'oublie pas le rôle que tiennent les réseaux sociaux dans la promotion de ses évènements : «
Par ailleurs, le bouche à oreille, notamment via les réseaux sociaux (mais pas que), incite peut-être les gens à participer à un TupperWine. Les photos de TupperWine que je publie sur mon mur Fabrice Vinsurvin ou sur la page Fan de TupperWine ainsi que les commentaires enthousiastes des participants y sont aussi pour beaucoup. En outre, les lecteurs de VinSurVin et les abonnés à mes comptes Twitter et Facebook savent que je passe beaucoup de temps dans le vignoble, ce qui donne beaucoup de crédibilité à mon discours. Je passe beaucoup de temps dans le vignoble : j'erre, j'ouille, j'observe, je taille, je goûte, je vendange : je suis une sorte d'esclave moderne du vigneron qui fait du bon vin ! Et surtout, je ramène dans mes bagages du (très) bon vin, des anecdotes, des histoires... que je partage avec mes dégustateurs, une fois par mois. »
Pour les vignerons et cavistes, il s'agit là d'une belle mise en valeur de leurs produits et pour Fabrice d'une aventure qui compte de plus en plus d'adeptes et ce depuis 2007. Mais comment a-t-il réussi à se renouveler au fil des années afin que chaque TupperWine soit un évènement unique? Voici sa réponse : «
Très bonne question ! Un TupperWine est en effet un événement unique parce qu'on n'y déguste jamais 2 fois le même vin. Ce n'est jamais arrivé en trois ans et demi. Les TupperWine varient en fonction de mon actualité : j'étais en Loire au début de l'année, on a fait le tour de Montlouis en février/mars ; j'étais en Champagne en Février et à Bordeaux en avril, on a donc récemment dégusté des champagnes et des bordeaux de vignerons que j'ai rencontrés. Les TupperWine prennent la température qui règne en France et les gens aiment l'idée que je rentre de voyage avec du vin et des histoires plein mes valises. Je leur apporte un contenu (provenant certes des milliers d'ouvrages que j'ai lu sur le vin, hum) mais surtout tout droit tiré de mes expériences dans le vignoble, au contact de la nature et des vigneron(ne)s. Les TupperWiners dégustent également des vins tout droit sorti des chais, pas encore commercialisés, ou tirés en de très rares exemplaires (la DiscoBitch de Benoit Tarlant par exemple) : ils ont donc certaines primeurs, certains privilèges ! Ils dégustent également des cuvées spéciales TupperWine (comme ce vin clair aux bouteilles estampillées TupperWine par Francis Boulard) ; je leur fais la surprise d'inviter un vigneron ; je leur suggère des gourmandises de chez Arnaud Larher (MOF 2007), je les convie sur des péniches au bord de la Seine... Vins, mets, laïus, tout cela pour la modique somme de 20€. Non, franchement je les chouchoute bien mes TupperWiners ! ».
On l'aura compris, les jeunes (et aussi les moins jeunes) semblent mieux apprécier ce cadre de consommation, chaleureux et convivial, qui s'inscrit dans une logique de partage à la fois agréable et instructif.
Certaines interprofessions désireuses de faire découvrir les vins de leur région « autrement » ont décelé le potentiel de ce genre de soirées. C'est le cas par exemple du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux qui depuis 2009, organise Les Apéros Vintage de Bordeaux, rassemblements festifs qui dépoussièrent les vins de Bordeaux, le tout dans une ambiance Vintage (Décor, musique et Polaroid). Une manière originale d'allier tradition et modernité qui a rassemblé plus de 7000 amateurs en 2010. Les Apéros Vintage de Bordeaux ont envahi la ville de Paris l'année dernière et l'édition 2011 s'annonce tout aussi divertissante.
Simplicité et convivialité, les dégustations vont-elles se développer dans ce sens ? «
Oui c'est certain, on le voit déjà dans les modes de communication changeants des interprofessions qui apportent plus de fraîcheur et de dynamisme pour attirer un public plus jeune. », dixit Miss Vicky. Et comme le souligne justement Fabrice Le Glatin, «
Le vin est une affaire de partage, de convivialité et d'échange. C'est toujours plus sympa de déguster entouré de quelques personnes et d'échanger ses impressions, ses propres expériences. D'ailleurs, des ersatz de TupperWine sont lancés à Paris et en Province. Cette manière de déguster est en train de se développer, comme le montrent les demandes de dégustations qui m'arrivent en ce moment : afterworks dans des entreprises, cours dans des Grandes Ecoles, groupes de collègues chez un caviste, mais aussi bandes de copines et de copains à domicile. En effet, je pense que les dégustations à domicile devraient avoir beaucoup de succès dans un futur proche. Les gens se sentent rassurés de déguster entre gens qu'ils connaissent. C'est une bonne chose mais il ne faut pas s'enfermer ! Le vin en général et les TupperWine en particulier on supplément d'âme : ils permettent de ne rencontrer que des sympas ! »
Et les vins du Sud alors ? Ces derniers ne sont pas en reste puisque
l'appellation Corbières a dernièrement investi la toile avec un nouveau site frais et coloré afin de faire connaître les vins de ces 17 200 hectares situés entre Carcassonne et Narbonne, une belle mosaïque de cépages gorgés de soleil et de caractère.
Dans la continuité de leur site 20 de corbières l'appellation a inauguré Vendredi 20 Avril 2011 à 20h le premier
Rendez-vous du 20 de Corbières, une soirée placée sous le signe de la dégustation avec DJ, jeux-concours, cadeaux, et verres de vin à des prix attractifs ! Un moyen d'encourager les consommateurs à compléter la liste des
20 bonnes raisons de préférer Corbières.
Alors Bordeaux ? Corbières ? Si quelqu'un a eu la chance d'aller aux deux, faites nous part de vos impressions !
Dans tous les cas,
ce genre d'initiative est à encourager et nous invitons les autres interprofessions à faire de même, chacune à leur manière bien sûr. D'ailleurs à quand une soirée Vins de Provence ? Un cadre ensoleillé et agréable, de bons vins à faire découvrir (et pas seulement du rosé), des jeunes qui n'attendent que ça (les prix des consommations dans les bars sont souvent dissuasifs)...tous les ingrédients pour que ça marche sont réunis. A méditer...